Michel Onfray : Philosophie Populaire

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Grâce soit rendue à France Culture : tous les jours du mois d’Août nous avons eu droit en direct, de 19 à 20h (pour le commuting du soir donc) aux sessions 2008 de Michel Onfray à l’Université Populaire de Caen.

Une vois belle et ronde, qui coule en manipulant dans une clarté cristalline et une érudition encyclopédique l’histoire des idées et des réflexions philosophiques. En grand hédoniste à l’éblouissant sens des titres, il consacre les sessions de cette année à l’eudémonisme social.

Dans celle du 15 Aout Onfray adresse une problématique capitale dans la pratique moderne de la discipline : sa confiscation par les universitaires à travers l’intimidation par le langage.

Lorsque je vivais à l’étranger, c’est cette France là que (dont ?) je languissais, pas l’autre. Un pays de culture de démocratie et d’échanges. L’Université Populaire s’érige comme une remarquable incarnation de ces nobles valeurs.

J’ai toujours eu un sentiment ambivalent vis à vis de la philosophie. D’une part un attrait irresistible pour cette science des sciences. D’autre part un sentiment d’en être écarté par ceux qui savent et qui conservent leur influence sur ce pré carré. Je me souviens en particulier comment j’avais été tourné en dérision par des amis (qui avait étudié la discipline et s’erigeait des lors comme des physionomistes à l’entrée du sanctuaire du savoir) lorsque je parlais de philosophes pratiques et lisibles tels que Alexandre Jollien, Alain de Botton ou le Français Alain.

Michel Onfray adresse cela dans la session diffusée le 15 Aout en répondant à une question dans l’assistance sur la relation entre la complexité de certaines philosophies et leur profondeur (aux environs de la 26ème minute). Extraits recopiés :

Deleuze, Foucault, Bataille ont tiré Nietzsche du coté de l’aristocratie : on est quelques uns, on est entre nous, on n’a pas envie de partager, la philosophie ce n’est pas fait pour tout le monde. Si vous vous adressez à tout le monde alors c’est que vous êtes populiste, démagogue et la philosophie a perdu en qualité. Pendant des siècles la philosophie ne s’est pas adressée aux professeurs mais aux gens qui avaient envie de vivre mieux la vie qui était la leur. (…)

Je ne crois pas qu’il y ait une opposition entre d’une part une philosophie conceptuellement tellement élevée qu’elle serait d’une profondeur insondable et, d’autre part, une philosophie plus légère qui manquerait de profondeur. Ca je crois que c’est une invention des professeurs qui font croire que plus c’est obscur, plus c’est profond (…)

Il y a des moments ou l’on joue avenc le langage pour intimider et Bourdieu l’a bien montré dans un livre qui s’appelle Ce Que Parler Veut Dire que le langage philosophique peut-être un langage intimidant, qu’il est un langage de classe, un langage qui classe : un langage de la distinction. (…)

Et quand vous avez dit “Mais le Roi est nu” lorsque l’on a supprimé les gros concepts, et que l’on a demandé une explication simple, on vous dira “ah mais non c’est trop compliqué pour faire une explication simple” : et bien moi je dis non. Quand c’est compliqué, Lucrece, Epicure, Marc Aurele sont simples (…)

En revanche, les Deleuze ou Derrida, que je respecte en tant qu’intellectuels engagés dans leur temps, ont cette approche institutionnelle, universitaire de la pratique de la philosophie : il y a eu une pratique de l’intimidation langagière. (…)

On a envie de demander des explications. Pour Derrida (La Vérité en Peinture) j’en ai demandé à son éditeur qui a dit : “on ne le comprendra que plus tard” et j’ai répondu “c’est pas sûr”. Quelle est cette idée de la modernité qui consiste à dire que “les grands n’ont jamais été reconnu de leur vie donc si on n’est pas reconnu de son vivant c’est qu’on est grand”. Depuis Duchamp (que je défends) il y a cette incapacité à juger ce qui est bien et ce qui est moins bien : on reste dans l’intimidation (…)

On doit pouvoir revendiquer aujourd’hui un vrai travail de démythologisation : il y a du mythe dans cette histoire (…) Violer la syntaxe, écrire sans point ni virgule, être dans le délire personnel, c’est bien que ça ait eu lieu, mais ce ne sont que ces expériences qui ont permis de mesurer la profondeur d’une impasse. (…)

J’ai la nostalgie de cette époque où la philosophie considérait qu’elle pouvait être profonde, sérieuse, et où elle pouvait faire l’économie de cet espèce de cirque qui consiste à dire : Je suis obscur donc je suis profond.

Quelle joie d’entendre ces prises de positions, où on distingue un écrit désacralisé : Philosophy back to the people ! M. Onfray reprazent.

[UPDATE 04/09/08] Le texte inaugural de l’université populaire dispo ici. Quelques extraits de cette profession de foi pour ceux qui n’ont pas le courage ou le temps de la lire intégralement :

(…) l’usage d’une rhétorique soucieuse et respectueuse du questionnement de l’auditeur, la liberté intégrale et la gratuité absolue, dans tous les sens du terme (ni diplômes requis ou délivrés, ni droits d’inscription , ni contrôles) (…)

Je tiens à cette idée qu’on peut tenir une bonne distance entre le discours professionnel des spécialistes qui s’adressent exclusivement à leurs semblables, formant ainsi une communauté d’autistes satisfaits, et les marchands d’idées dans le vent tout à la gestion et à la promotion de leur trajet mondain. Ni la poussière des archives, ni le plateau de télévision comme horizons indépassable de la pratique philosophique. (…)

Du temps, de la patience, du travail pour les demandeurs et pour les acteurs de l’offre : à l’évidence le droit à la philosophie oblige aux devoirs à son endroit . Contre l’époque qui se caractérise plus par la revendication des droits que par l’observance de devoirs, Jacques Bouveresse invite à articuler ces deux temps pour obtenir une force digne de ce nom. (…)

A l’heure où Mai 68 passe pour la racine de tous nos maux il s’agit moins de l’achever comme une bête malade afin de s’en débarrasser que de le parachever et de l’accomplir sur le terrain des idées : dépasser la négativité de ce moment heureux de l’histoire qui a détruit, cassé, brisé nombre d’archaïsmes, certes, mais sans toujours beaucoup apporter d’idées alternatives, de propositions concrètes, de forces actives, d’éthiques et de politiques de substitution, de théories praticables pour notre époque présentée comme fatalement soumise au libéralisme. L’Université Populaire s’y attelle forte de ce que le public fera d’elle.

19 Comments

  1. Si je suis bien d’accord avec le constat général de Michel Onfray, je suis surpris des trois noms du début qui représentent, maintenant, ce que fut cette philosophie disons, pour faire court , de 1968. Ce n’était pas forcément le cas il y a 30 ans et sans doute appartiennent-ils à leur époque y compris dans leur « tics » d’écriture. Tous les intellectuels universitaires écrivaient (écrivent) ainsi, quelques soient leurs domaines d’études : philosophes, psys, sociologues (les moins pires), critiques de cinéma, critiques littéraires, j’en passe. C’était une mode et sans doute une obligation de crédibilité.

    Maintenant il me semble qu’ils étaient tous les 3 de façons différentes des écrivains et au moins pour Foucault et Deleuze (je ne connais pas assez Bataille), des philosophes qui s’adressaient à des non-philosophes.

    Foucault bien que restant dans le domaine universitaire s’adressait à ses « collègues » de Sciences Humaines qui ne lui ont d’ailleurs pas fait de cadeaux de venir piétiner leur plate-bande. Il n’est finalement pas tout illisible : c’est dense et référencé mais très clair dans l’énonciation.

    Deleuze, lui, s’est résolument tourné vers les non-philosophes et les non-universitaires, tout du moins dans l’apogée de son travail. Son écriture est sans doute confuse et codée mais c’est qu’il entend, à mon sens, ne rien vouloir lâcher de sa pensée. Il y a de l’exigence qui n’est probablement pas très loin de l’aristocratie dans le sens où il refuse une certaine popularité qu’il ne pensait sans doute pas pouvoir « assurer » ensuite comme en témoigne l’Abécédaire qu’il a accepté de tourner à condition que ce soit diffusé après sa mort. Au-delà de ce problème de popularité mais sans doute les deux choses sont-elles liées, il y a chez Deleuze le désir de dire l’indicible, de s’approcher au plus près du plus intime de sa pensée, d’affiner et de laisser proliférer ses concepts. C’est difficile à traduire en mots et s’il n’y est pas parvenu ce n’en est que plus émouvant. Enfin, il me semble.

    S’il y a bien eu « une pratique de l’intimidation langagière », non seulement elle existe toujours mais sans doute a-t-elle toujours existé, c’est l’art de discourir, quel que soit la forme que prend cet art et M. Onfray n’est pas, il me semble, un débutant en la matière.

    Pour finir (ouf), j’apprécie beaucoup ce que fait M. Onfray avec les Universités Populaires. C’est un excellent professeur de philosophie et j’aime beaucoup les contradictions.

  2. André > merci pour ton commentaire. Je ne connaissais Michel Onfray que par son introduction au formidable “Metier d’homme” de Jollien. J’avoue avoir été grandement emballé par ces sessions quotidiennes et d’une manière plus générale par le concept des universités populaires.

    Bonjour Otrynteus > bienvenu et merci pour votre commentaire. Avant toute chose je précise qu’intimidé, je suis toujours resté à distance respectable de la philosophie : mes positions sont donc celles d’un non initié.

    Si vous écoutez l’intégralité de la session du 15 Aout, vous y trouverez le cheminement complet de la réflexion de Onfray. Je n’en n’ai retranscrit que quelques passages, ceux qui me parlent le plus et surtout ceux qui concernent directement une problématique intime dans mon rapport à la philosophie.

    En particulier Onfray y ajoute que selon Deleuze (à moins que ce ne soit Derrida, a réécouter) l’objectif de la philosophie consiste à manipuler des concepts, assertion contre laquelle Onfray s’élève.

    Enfin il précise que cette philosophie elitiste et aristocratique n’a pas toujours existé. Il prend les exemples de Lucrece, Epicure, mais aussi Montaigne ou de Diderot par exemple qui n’écrivaient pas pour les professeurs (ou les étudiants) mais pour tout le monde. Cette tendance nait selon lui avec les idealistes allemands (Kant, Hegel, dont la langue permet les neologismes les plus a même de s’aligner sur la pensée) ce que la nôtre ne permet pas.

    Il y a (aux alentours de la 25ème minute) cette réflexion selon laquelle il y a une certaine servitude professeurs – élèves aujourd’hui et que l’instrument de cette servitude est le langage. Cette domestication du langage par les disciples est leur examen de passage. C’est une image très forte, qui s’appuie sur Bourdieu.

    Et selon lui cette période touche à sa fin car les possibilités de cette langue illisible ont été exténuées : la profondeur de l’impasse a été mesurée (Mehdi Belhaj Kacem, ce genre d’auteurs …).

    Pour ce qui est d’Onfray lui même, je n’ai aucun problème avec son intelligibilité, ou tout au moins n’en n’ai-je pas eu avec ces sessions qui sont d’une grande clarté. Il me faudra peut-être le lire pour m’en faire une idée plus objective. A ce sujet si vous pouvez me recommander un ouvrage je suis preneur.

  3. Ce qu’il affirme me parle également, particulièrement en ce moment où je m’intéresse à Lacan. Bien évidemment on est dans une autre discipline -bien que de nombreux concepts philosophiques l’aient innervée- mais on peut y retrouver ce tic proprement universitaire qui consiste à “coder” le discours de termes volontairement obscurs. Là où la bât blesse, c’est qu’il n’est même pas question de néologismes éclairant d’une nouvelle manière un champ d’étude, mais de tout un lexique de mots inutiles en tant que souvent, ils n’apportent strictement rien de plus au niveau du sens qu’un terme plus “commun” (je n’ai pas dit “facile”, ni “vulgaire”).

    Ainsi, je suis toujours ébloui par l’utilisation chatoyante d'”idiosyncrasie”…c’est vrai qu'”originalité”, c’est tellement galvaudé.

    Je peux toujours te proposer “le traité d’athéologie”, cependant je n’y vois pas là un livre de philosophie en tant que tel, mais bien plutôt un ouvrage traitant de l’histoire des penseurs de l’athéisme ; intéressant au demeurant et mettant en lumière des auteurs assez largement inconnus. (pour ma part en tout cas)

  4. Bonjour Joseph et merci pour la recommandation.

    Ce que j’apprécie beaucoup chez Onfray c’est ce geste très beau et très simple de partage, d’aller vers l’autre pour faire partager sa passion pour la philosophie. Plutôt que comme un grand nombre de ses condisciples, d’utiliser cette dernière comme arme de différenciation d’avec le commun des mortels du genre “je pense au dessus de la plèbe”.

  5. De là à dire que ce que vous ne comprenez pas est nécéssairement fumeux me semble profondément exagéré.

  6. Salut Tchamba, merci pour votre commentaire. J’ai dû relire à 2 reprises le billet pour m’assurer que je ne disais pas de telle sottise. Merci de m’indiquer la phrase où vous percevez cette pensée.

  7. Vous avez raison ce n’est pas dans votre billet mais dans les propos de Michel Onfray notamment lorsqu’il parle d’Hegel. Il dit de manière explicite que l’obscurité est souvent le signe d’un manque de profondeur. Je pense qu’en philosophie comme en art, la facilité ou l’obscurité ne peut pas être un critère de ce qu’est la profondeur. La profondeur (comme en art) depend autant du texte que du lecteur. Je préfère Onfray quand il parle de Montaigne plutôt que de Hegel.
    Autrement dit, je suis d’accord avec votre billet mais pas avec son corollaire qui se trouve hélas quelque part dans l’intégral des cours de M. Onfray. Que la contre-histoire de la philosophie rime souvent avec le contre-sens n’est pas dérangeant en soi. Il y a aussi des contre-sens chez Heidegger dans ses cours sur Nietzsche. La profondeur n’est cependant pas tout à fait la même.

  8. Je ne sais pas. Quand il parle de “mesurer des impasses” je pense beaucoup à MBK par exemple. Autre lien : https://thehypertextual.com/2011/07/10/citations-du-dimanche-friedrich-nietzsche/ sur le sujet et surtout, surtout, ce très bel article de mon ami Benjamin Pelletier : http://gestion-des-risques-interculturels.com/points-de-vue/vous-reprendrez-bien-un-peu-d%E2%80%99obscurite/

    Je ne suis pas là pour juger pour juger Onfray, je vous laisse cette activité, mais pour dire que ses propos résonnent d’un écho singulier chez moi. Les questions essentielles étant celles-ci :
    – Y-a-t-il de l’intimidation par le langage ? La réponse est oui.
    – Est-il nécessaire d’être obscur et compliqué pour être profond ? La réponse est non.
    – Est-on forcément profond lorsque l’on est compliqué ? La réponse est non.

    Ce qui ne veut pas dire que des propos compliqués sont nécessairement vains et superficiels mais c’est un autre sujet.

  9. “Et quand vous avez dit “Mais le Roi est nu” lorsque l’on a supprimé les gros concepts, et que l’on a demandé une explication simple, on vous dira “ah mais non c’est trop compliqué pour faire une explication simple” : et bien moi je dis non. Quand c’est compliqué, Lucrece, Epicure, Marc Aurele sont simples (…)”

    Quand on a supprimé les contre-sens sur les gros concepts de la contre-histoire de la philosophie qui est nu ?

    “- Y-a-t-il de l’intimidation par le langage ? La réponse est oui.”
    Je pense qu’il faudrait nuancer une telle affirmation. Il suffit de lire la petite note polémique à la fin de “Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction” (http://www.amazon.fr/Esquisse-dune-morale-obligation-sanction/dp/2228907200) pour comprendre à quel point l’usage rhétorique du faux-semblant chez Onfray confine à l’intimidation.

    – Est-il nécessaire d’être obscur et compliqué pour être profond ? La réponse est non.
    Je suis d’accord mais en même temps je pense que tout travail sur la pensée implique un travail sur le langage. On peut difficilement dépasser le stade de l’opinion en en restant au stade de l’opinion.

    “- Est-on forcément profond lorsque l’on est compliqué ?” La réponse est non.
    Ici aussi je suis d’accord et en même temps le propre de l’esprit humain n’est-il pas d’aller du simple vers le compliqué ? Partir du compliqué est absurde. La profondeur implique une élévation. Je ne sais plus qui disait “partir du plus bas, seule chance de s’élever”.
    La philosophie comme discipline pose le problème de l’initiation qui est un vrai problème. C’est un vaste sujet, je ne peux que renvoyer aux travaux de Bernard Stiegler sur la question de la mystagogie. Onfray et vous-même combattez la mystagogie. Stiegler dit qu’il est difficile de séparer la philosophie de la mystagogie. Le problème (ici, c’est moi, qui parle) est qu’il faut peut-être en passer par la mystagogie pour pouvoir dissiper la fumée ce qui est très problèmatique. On peut se perdre dans la fumée de même que l’on considérer qu’il n’y a pas de fumée. Je n’ai pas de réponse définitive sur cette question.

    “Je ne suis pas là pour juger pour juger Onfray, je vous laisse cette activité”
    Je trouve le personnage sympathique et je partage beaucoup de ses idées et en même temps je pense qu’il faut rester vigilant… qu’une vulgate n’en remplace pas une autre. On ne combat pas la bêtise par la bêtise ce qui est valable pour moi aussi. Je vous remercie pour cet échange.

  10. merci à vous pour ce long échange.

    pour information, je lis pas mal d’ouvrages de chercheurs sur mon domaine (le management). Il y a ce constat que je ne m’explique pas : je comprends mieux les auteurs anglophones en anglais que je ne comprends les auteurs correspondant en français.

    J’observe une inconstestable propension dans notre culture à l’obscurité, une vraie volupté à s’y complaire et un volonté manifeste à l’utiliser comme instrument de distinction. Encore une fois cela ne veut pas dire que ce qui est obscur n’a pas de valeur intellectuelle.

    Ce que ca veut dire surtout c’est que dans l’océan d’information que nous avons à notre disposition aujourd’hui, je refuse de perdre du temps avec des auteurs qui ne font pas l’effort de se faire comprendre car la vie est trop courte. Il y en a bien d’autres dont la reflexion est tout aussi riche et qui font cet effort. Stiegler à ce titre fait partie des auteurs auxquels je refuse d’allouer du temps de cerveau disponible.

    Je vous invite encore une fois à lire cet article de Benjamin Pelletier :

    http://gestion-des-risques-interculturels.com/points-de-vue/vous-reprendrez-bien-un-peu-d%E2%80%99obscurite/

  11. Le moins que l’on puisse dire c’est que votre propos ne manque pas de cohérence. Je dois bien reconnaitre que le terme de mystagogie n’était pas très vendeur. Peut-être qu’il n’y a pas de monde plus exotique pour moi que celui du marketing et du management. Deux termes qui n’ont d’ailleurs pas été traduit en français. Est-ce vraiment étonnant ? J’aurais été beaucoup plus étonné si vous aviez commencé à parler du mystère que constitue pour vous la mort de Dieu. Ce qui m’intéresse chez Onfray c’est l’idée d’une spiritualité non chrétienne. Là aussi,c’est un vaste sujet dont je serais ravi de discuter avec vous.

    J’ai lu l’article de B. Pelletier et je me suis permis d’y répondre directement sur le site en question. J’aimerais ajouter à cette réponse que j’aime la tradition anglo-saxonne pour sa clarté et que j’aime la tradition continentale pour son obscurité. Bien sûr, il faudrait argumenter. J’espère en avoir le temps prochainement.
    Bien à vous.

  12. “J’observe une inconstestable propension dans notre culture à l’obscurité, une vraie volupté à s’y complaire et un volonté manifeste à l’utiliser comme instrument de distinction. ”

    J’observe à l’inverse un anti-intellectualisme pulsionnel qui a placé N. Sarkozy au sommet de l’état. Je n’ai ni le sentiment d’être un intellect
    uel ni celui de faire partie de l’élite, ni le sentiment de me complaire dans l’obscurité. En revanche, j’ai le sentiment que l’anti-intellectualisme fait le jeu du marketing. Comme si n’importe quel texte devait-être compris comme une publicité c’est à dire instantanément, sans effort et sans voir que la rhétorique y est extrêmement forte.

    Or, je ne crois pas que le marché puisse s’auto-régulé comme le pensaient les physiocrates. Ce qui justifie l’existence d’une élite (dont je ne fais pas partie) c’est la nécessité de réguler le marché de manière intelligente d’où la nécéssité d’en passer par des études, d’où les instruments de distinction… ce qui peut mener aussi à des abus ou des excès. Je crois en la démocratie mais pas au libéralisme. Tout est question d’équilibre.

  13. Et bien nous y voilà : le grand méchant marché contre les preux intellectuels. Nous nous égarons complètement et ça ne m’intéresse pas de discuter de cela. J’ai la faiblesse de croire que c’est un tout petit peu plus compliqué. Merci pour la conversation.

  14. Oups… Je me demandais à quel niveau de complexité vous situer… Désolé!
    “je comprends mieux les auteurs anglophones en anglais que je ne comprends les auteurs correspondant en français. ” comme si vous ne connaissiez pas l’histoire du management…
    Ce qui vous intéresse c’est quoi ? la productivité ? L’éfficacité ? L’éfficience ? L’obscurité n’est-elle pas contre-productive ?
    Et le taux de suicide dans les entreprises ? Ca vient de quoi ? Oh pardon je m’égare…. un moment de faiblesse…
    C’est plus compliqué… Je vous remercie de bien vouloir m’expliquer.
    Merci pour votre participation à l’économie de la contribution.

  15. “le grand méchant marché contre les preux intellectuels”. Je n’ai jamais dit que c’était aux intellectuels de réguler le marché. Même à ce degré de simplicité, vous semblez ne pas comprendre. Les intellectuels n’ont pas le monopole de l’intelligence. Libre à vous d’associer au preux intellectuel le shtroumpf à lunettes qui à force de jouer les cassandres finit par ne plus être entendu.
    Nous sommes de plus en plus nombreux à consommer de manière plus responsable et donc plus intelligente. En devenant acteur, le consommateur a désormais cette possibilité de court-circuiter
    les logiques marketing. Et internet est l’un des plus formidables vecteurs de cette autre manière de consommer même pour consommer “local”.

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